Dominique Ranzy : chauffeur de bus et artiste de mots, entre deux univers qui s’enrichissent

Un texte qui cherchait sa voix

Depuis longtemps, il joue avec les mots, les sonorités, les doubles sens. Plusieurs livres sont déjà sortis de sa plume. Mais ce texte-là, dense et foisonnant, refusait de prendre la forme classique du livre. « Une amie m’a dit : il y a quelque chose de très oral là-dedans. »
Inspiré des Kamishibaï, ces petits théâtres japonais souvent destinés aux enfants, Dominique a alors imaginé une lecture-spectacle mêlant texte et illustrations.

Un univers dense, loufoque et éclairant

Son spectacle, baptisé Le Mètre Décolle, dure 1h30 et se présente comme un concentré littéraire et visuel. Les illustrations, réalisées par lui-même, parfois truffées de détails et de niveaux de lecture, ouvrent de nouvelles portes à l’imaginaire.

Le texte se déploie à quatre niveaux :

•    un jeu sonore autour des mots, « emballage » de l’histoire mais aussi véritable respiration dans le quotidien ;
•    l’histoire d’Yves, parti à la recherche d’un amour d’enfance ;
•    une surprise littéraire à découvrir en direct ;
•    et, « last but not least », un « parcours initiatique », pour le héros comme pour le spectateur.

« Je ne suis pas comédien, je me mets simplement de tout mon cœur au service de mon texte. Et le public me le rend au centuple. Leur attention est totale, c’est un moment wahou à chaque fois. »

Un bus pour embarquer le public

Le projet a trouvé un écrin inattendu : un bus. « J’ai acheté un ancien bus à Keolis, mais en attendant son homologation en « Bus-Théâtre », j’en utilise un de ma filiale à la Calamine. J’y installe mon univers, ma sono, mes illustrations, et je peux aller jouer partout, même là où il n’y a rien d’autre que le public. »
Résultat : ça roule ! Les présentations en Province de Liège se succèdent et le spectacle sera bientôt montré à des enseignants du secondaire, avec l’idée de le présenter ensuite devant leurs élèves.

Entre deux vies, un équilibre

À côté de cette aventure artistique, Dominique garde les pieds sur terre et le volant bien en main. Chez Keolis, en tant que chauffeur il transporte chaque jour des enfants en situation de handicap. « C’est un travail très humain, mais où l’on parle peu. Avec certains enfants, il n’y a pas de communication verbale. Moi qui aime tant les mots, cela m’oblige à être dans un autre registre, encore plus près du cœur. »
Un contraste qu’il vit comme une richesse. « Mon métier nourrit mon art, et mon art nourrit mon métier. C’est un bel équilibre. »

Un chemin imprévu, mais évident

Dominique Ranzy ne se pensait pas « destiné » à monter sur scène. « Je pensais faire jouer mon texte par un vrai comédien. Mais je me rends compte que c’est ce qui vient de l’intérieur qui intéresse les gens. Quand je laisse sortir ce que je suis, le public reçoit et me renvoie un don incroyable. »

Son chef, admiratif, lui a demandé : « Alors tu vas nous quitter ? » Dominique rassure avec un sourire : « Non non, j’aime mon travail. J’ai trouvé un équilibre entre deux activités complémentaires. Et je n’ai pas l’intention d’arrêter. »